Comment as-tu découvert le CrossFit, qu’est-ce qui t’a donné envie d’essayer?
J’ai découvert le CrossFit grâce à une collègue. Je venais de commencer à travailler sur Neuchâtel et j’avais de longues pauses entre 12h et 14h. Elle m’a proposé de venir essayer.
Est-ce que tu peux raconter, en quelques mots, ce dont tu te souviens de ton premier entraînement à la box?
Oui, je me souviens qu’il y avait des deadlifts et des burpees. J’ai quitté la box en me disant que ça faisait longtemps que je n’étais pas sortie de ma zone de confort.
A quoi est-ce que tu t’attendais avant d’essayer le CrossFit? Est-ce que tu avais des appréhensions?
Je ne sais pas vraiment à quoi je m’attendais, à transpirer, c’est sûr! J’appréhendais surtout de voir à quel point je n’avais plus de condition physique. En effet, j’ai toujours fait pas mal de sport, mais à cause d’une blessure au dos j’avais beaucoup diminué. Je ne m’étais plus retrouvée dans une salle de sport depuis 5 ans.
Qu’est-ce qui t’a le plus surpris au début? Qu’est-ce qui était différent de ce à quoi tu t’attendais?
La cohésion de groupe! Le fait que tout le monde te dise «bonjour» même si tu n’es jamais venue et qu’on se motive tous les uns les autres. J’ai eu énormément de plaisir car les entrainements sont très variés. J’ai retrouvé des mouvements de gym, que j’avais pu faire lors de mes nombreuses années d’agrès, mais aussi une forte intensité au niveau cardio, et pour finir des mouvements d’haltérophilie que je n’avais jamais pratiqués.
Qu’est-ce qui te plaît le plus à la box?
De loin l’ambiance et la bienveillance qui règne entre nous. J’aime le fait que tout le monde se mélange et prenne le temps de discuter avec les autres, peu importe son âge et sa culture. Ça devient une grande famille.
Est-ce que tu peux dire quelques mots de ta pratique du CrossFit pendant ta grossesse? As-tu pu continuer de t’entraîner longtemps? Quels challenges as-tu rencontrés? Qu’en est-il de la reprise?
Durant ma grossesse, j’ai toujours pu adapter les mouvements, ce qui m’a clairement permis de continuer à m’entrainer. Bien sûr, je ne venais plus trois fois par semaines comme je le faisais avant d’être enceinte, mais j’ai toujours tenu mes deux entrainements par semaine jusqu’à 7 mois de grossesse. J’ai malheureusement dû arrêter après 7 mois, pas parce que je ne pouvais plus, mais sous ordre médical.
Pour moi, le plus gros challenge a été d’écouter mon corps. Mon gynécologue ne m’a jamais interdit de faire mon sport, il savait que pour moi c’était un anti-stress et que j’en avais besoin. Mais il m’a toujours dit d’écouter mon corps et mon enfant! J’aime repousser mes limites et aller chercher plus loin, et ça a été dur de me dire que je n’étais plus «seule» et que ce petit être était relié à moi, et donc à mon état physique. J’avais souvent envie de donner plus mais je savais que ce n’était pas bien pour lui.
La deuxième chose qui n’a pas été simple c’était la fatigue entre les entrainements. Je mettais clairement plus de temps à récupérer.
Pour ce qui est de la reprise, je n’ai pas pu reprendre tout de suite parce que j’ai eu pas mal de points de suture dus à l’accouchement. J’ai tout de suite remarqué que mon périnée en avait pris un sacré coup! J’ai donc d’abord fait de la rééducation (10 semaines) et j’ai ensuite repris les entrainements.
A ce moment-là, ce qui m’a frappée et même beaucoup énervée, c’est que je n’avais plus de souffle!!! J’étais encore plus essoufflée que pendant ma grossesse. J’ai finalement appris, en allant voir le médecin, que c’était tout à fait normal. Le cœur met environ une année pour reprendre sa taille normale après un accouchement.
Qu’est-ce que le CrossFit t’a apporté pendant cette période?
J’ai eu une grossesse très simple, que ça soit sur le plan physique ou moral, et je suis sûre que le CrossFit y a contribué. Les répercutions d’une grossesse sur le corps d’une femme sont nombreuses: les jambes qui gonflent, les problèmes de peau, les vertiges, les problèmes de tension, le mal de dos, la fatigue intense, et j’en passe. Personnellement, mis à part des vomissements et quelques douleurs de dos les jours avant mon accouchement, je n’ai rien eu. J’étais vraiment en forme.
Deuxièmement, cela m’a procuré de la fierté de pouvoir me prouver à moi-même que, malgré le fait que j’étais enceinte, j’y arrivais encore. Quand vous apprenez que vous attendez un enfant, beaucoup de gens vous disent que les choses vont changer, qu’il faut vous reposer, qu’il faut prendre soin de vous et faire attention à votre enfant. J’ai eu l’impression que j’allais devenir une toute petite chose fragile. J’étais satisfaite et heureuse de voir que la grossesse n’a pas changé mon envie de continuer mon sport.
Peux-tu nous parler du regard des gens sur ta pratique du CrossFit en étant enceinte?
Oula! J’ai eu beaucoup de remarques, surtout de la part de ma famille! Pour eux, j’étais inconsciente et je mettais la vie de mon fils en danger. Mes employeurs (des médecins) m’ont aussi fait quelques remarques. Quand j’en parlais autour de moi, tout le monde me disait «Tu fais encore du sport? Mais c’est dangereux!» Au fil du temps j’avais mes réponses toutes préparées et j’aimais répondre qu’une femme enceinte n’est pas une femme malade!
Qu’est-ce que tu aurais envie de dire aux futures mamans qui pratiquent le CrossFit? As-tu des conseils ou des suggestions à leur donner?
Que c’est possible d’adapter et que si c’est bien géré, ce n’est pas dangereux! Je pense par contre qu’il faut être à l’écoute de son corps et surtout de son ventre! Il faut avoir conscience que les entrainements ne seront plus les même et que parfois ce sera difficile d’avoir l’impression de régresser: les poids ne sont plus aussi lourds et certains mouvements sont à bannir de l’entrainement. Ça peut être frustrant. Bien sûr, il m’est arrivé certains soirs d’avoir des contractions après l’entrainement. Dans ces cas-là, il faut savoir lever le pied. Parlez à vos coachs, dites-leurs comment vous vous sentez. Mes coachs ont été particulièrement à l’écoute et je les en remercie. Ils ont toujours été bienveillants durant mes WODs. Je conseillerais de continuer le sport, ça aide déjà à ne pas prendre trop de poids et à se préparer physiquement à l’accouchement. Et je mettrais un point d’honneur au fait qu’il faut le faire pour soi et dans le respect de soi-même. Si vous n’en avez pas envie, ou si vous êtes trop fatiguées, ce n’est pas grave! Faites-le pour le plaisir et pour vous sentir mieux, dans votre tête et dans ce corps qui change et qu’il faut apprivoiser au fil des jours.