Cette semaine, nous donnons la parole à Gwendoline, hockeyeuse de la Neuchâtel Hockey Academy qui pratique également le CrossFit comme complément à son sport. Avec son équipe, elles se sont brillement qualifiées cette saison pour la finale du championnat de ligue nationale (finale interrompue après 2 matchs pour cause de Coronavirus), finale qui n’avait plus vu une autre affiche que Zurich-Lugano depuis des années. Elle nous parle donc de sa découverte du CrossFit, de sa carrière de hockeyeuse et de la complémentarité de ces 2 sports.

Comment as-tu découvert le CrossFit?

Nouvelle joueuse à la Neuchâtel hockey Academy, j’ai participé à un camp d’entraînement à la patinoire fin août et, au même moment, la seconde patinoire juste à côté était envahie de sportifs soulevant des poids, faisant des tractions, soulevant des voitures et tout ça, dans un esprit de dépassement de soi. Me voici donc au milieu de la Beach and Barbells, c’était la première fois que je voyais une compétition de CrossFit de mes yeux. Après cette découverte, avec Margot, on s’est dit : « et si on essayait ? ». Notre capitaine nous a dit que c’était CrossFit975 qui organisait la compétition et nous sommes allées voir ce qui se passait dans cette box.

Peux-tu nous dire quelques mots de ton premier entraînement et de tes premières impressions sur le CrossFit?

Le premier entraînement a plutôt été une façon de se mettre dans le bain. J’ai la chance d’avoir fait partie du Pôle France féminin de hockey et, par la même occasion, d’avoir commencé la muscu avec un suivi. Grâce à ça, je n’ai pas commencé de zéro. Premier WOD, c’est parti pour des back squats, avec à ce moment-là une barre à 50kg.

Tu pratiques le CrossFit comme complément à ton sport principal, le hockey sur glace. Peux-tu nous expliquer ce que le CrossFit t’apporte et comment ces deux activités se complètent ?

Avant de me lancer dans le CrossFit, j’ai demandé à mon préparateur physique s’il était judicieux de cumuler les deux et il n’a pas mis longtemps à me confirmer que c’était une très bonne idée.  Dans le hockey, nous avons besoin d’une combinaison de puissance, d’explosivité et de cardio. J’ai très vite trouvé ces trois aspects dans le CrossFit. Finir un WOD allongée sur le sol en suffocant ou alors être totalement congestionnée en soulevant des poids, c’est une préparation au top. Le fait d’être dans un groupe qui te challenge et qui t’encourage aide à donner le meilleur de toi à chaque instant. C’est ce que je ne retrouve pas dans une salle de musculation.

Peux-tu nous raconter comment tu t’es lancée dans le hockey à haut niveau?

J’ai commencé le hockey à l’âge de 4 ans, à Paris, avec mon grand frère, car il était plus simple pour mes parents que nous pratiquions le même sport. A ce moment-là, je jouais dans une équipe mixte et nous n’étions que deux ou trois filles, cela dépendait des saisons. Par la suite, j’ai croché et continué. Vers l’âge de 15 ou 16 ans, j’ai commencé à jouer avec une deuxième équipe en parallèle, une équipe exclusivement féminine, et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à me faire repérer par les équipes de France (espoir dans un premier temps, U18 et, depuis 2009, senior).

Peux-tu nous dire quelques mots de ton quotidien de sportive d’élite?

Mon quotidien n’est pas tellement différent de celui de tout le monde. Le hockey féminin n’est pas encore assez reconnu pour que je puisse prétendre à devenir une sportive professionnelle en Suisse, donc je travaille à 80%. À côté de ça, chaque semaine, nous avons 3 entraînements d’une heure et quart sur glace et deux entraînements de renforcement en dehors de la glace, j’ai encore mes deux WOD en plus à la box. On peut encore ajouter à ça un ou deux matchs par weekend. Avec ça, je suis appelée par l’équipe nationale environ une semaine tous les deux mois.

Comment penses-tu que ta pratique du sport est perçue autour de toi?

C’est plutôt mitigé, toute ma famille et mes proches me soutiennent à fond mais ceux avec qui j’ai moins d’affinité n’arrivent pas à comprendre pourquoi je suis à ce point investie si ça n’est pas mon métier, si je ne peux pas gagner de l’argent avec ma pratique, bla bla bla. Mais ce sont des mots qui ne m’atteignent pas parce que je fais mon sport par passion. Avec l’équipe de France, c’est comme ma deuxième famille, nous avons vécu tellement d’émotions différentes impossibles à vivre autre part que dans le sport.

Si on te dit “féminité”, qu’est-ce que tu réponds?

Que le fait d’avoir des muscles n’enlève rien à ma féminité. Je fais un sport dit « masculin », j’ai des cuisses musclées et des trapèzes voyants, et alors ? Cela ne m’empêche pas de mettre des petites robes et des talons. Stop aux préjugés qui disent qu’une sportive ne peut pas être féminine, une sportive est une femme avant tout!

Quel est le plus grand défi que tu as été amenée à relever dans ton parcours?

J’ai un objectif de carrière, ce sont les Jeux Olympiques 2022. Pour l’équipe de France, cela passe par un tournoi de qualification en février 2021. Avant cela, il y a eu des championnats du monde et mon plus grand défi réalisé à ce jour: atteindre l’élite mondiale. En 2018, nous avons terminé premières de la division 1A, et avec ça nous avons gagné un ticket d’entrée dans la cour des grands.

Comment imagines-tu l’évolution future de ta carrière sportive?

Je vois surtout que le futur de ma carrière est plus court que ma carrière passée. En y ayant bien réfléchi, je tente une dernière qualification olympique pour 2022 et après je raccroche mes patins. Ce n’est pas qu’après avoir atteint les 30 ans, notre carrière sportive s’arrête, mais c’est surtout une envie de pouvoir me poser et gérer mon futur, avoir un métier, des enfants, une famille… Et avec le hockey à haut niveau en parallèle, ça complique pas mal les choses. Je n’arrêterai pas le sport pour autant, je pense continuer le CrossFit et pourquoi pas commencer le vélo.

Qu’est-ce qui te plait le plus quand tu viens à la box?

Le fait de voir qu’on se dépasse tous. Je suis quelqu’un qui a besoin des autres (sport collectif oblige…) et je trouve que dans le CrossFit, on se donne vraiment tous à fond, peu importe notre niveau. Oui, certains vont soulever des barres à 150kg pendant que d’autres n’en soulèveront que de 25kg, oui certains vont finir un WOD en 5min de moins que d’autres, mais à la fin, peu importe ton niveau et ta forme du jour, tu donnes le meilleur de toi-même, et ça c’est quelque chose que j’apprécie énormément.

Recommanderais-tu le CrossFit comme préparation physique à d’autres sports? Que dirais-tu à ceux qui hésitent à se lancer?

Je recommande ce sport à 100% en préparation à d’autres, il est vraiment complet dans tous ses aspects, et toujours vouloir chercher mieux, plus loin et plus fort ça ne peut qu’aider, que ce soit pour l’aspect mental ou physique.